LA PAGE DU TONTON FLINGUEUR
Il a lu et ça lui a plu ou déplu. Anciennes ou nouvelles, il soumet ses lectures un à feu nourri. Et il flingue à tout va…
Je relis mes notes accumulées depuis plusieurs années et mon attention s’arrête sur trois livres lus il y a un certain temps, mais je ne résiste pas à l’envie d’en parler.
J’entame ma série par un Laurent Gaudé de 2004, Goncourt d’ailleurs, Le soleil des Scorta. Je commence la lecture subjugué. Le début est dans la lignée des grandes tragédies, avec des quasi relents de mythe grec. Je me dis voilà ce qu’il a voulu faire : écrire le récit d’une mythologie personnelle actuelle. Waouw. Puis ça s’essouffle. On tombe dans la chronique familiale italienne caricaturale, partisane, sorte d’hommage mal ficelé à des idoles sans épaisseur. Trop de bons sentiments pour une mauvaise littérature. Dommage, le début était brillant.
Je passe ensuite à un vieux livre de Serge Doubrovski de 1989, Le livre brisé. Un livre très bon, mais trop à la frontière pour être génial. Pas la frontière entre la fiction et la réalité (Doubrovski a inventé l’autofiction, sorte d’autobiographie fictionnelle), mais la frontière entre introspection et bavardage sur soi, la frontière entre réflexivité avide et réflexion à vide, sur place. Entre intérêts et ennuis. Dans la deuxième partie, je lis de superbes passages sur le sentiment subjectif de deuil. Sur le déni et la colère dans la perte. Lecture inégale, mais néanmoins interpellante.
Je me lance ensuite à l’assaut de La montagne de minuit, de Jean-Marie Blas de Roblès (2010). Une montagne, en effet, mais une montagne de dialogues empesés, de lourdeurs, de descriptions trop minutieuses des actes (ce qui trahit souvent la faiblesse du contenu). Regard improbable d’une mère qui commente par lettres les chapitres d’un livre écrit par son fils, un livre parlant d’une tierce personne que mère et fils ont connue, mais relatant des faits auxquels seule la mère a assisté. Récit écrit a posteriori, sur base de témoignages passés de la mère (il y en a encore qui suivent). Il y a plus à dire sur la mécanique du récit que sur son contenu. Mauvais signe. Une bonne idée ne suffit pas à faire un bon roman (dans ce cas-ci, y avait-il seulement une bonne idée ?) Disons : on ne fonde pas un roman sur, seule, une idée.
Résultat du champ de tir :
Blas de Roblès dézingué, Gaudé en sursis et Doubrovski épargné.
On se revoit dans quelques centaines de pages...
B. Demonty
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire