CETTE RUBRIQUE MET A L'HONNEUR DES TEXTES ÉCRITS PAR LES PARTICIPANTS A MES ATELIERS D’ÉCRITURE.
DES TEXTES ÉMOUVANTS, PERCUTANTS, INTERPELLANTS, VIVIFIANTS...
Voici un texte d’Anaïs, j'avais demandé de décrire une relation importante en la symbolisant par un des quatre éléments.
"Mon père, ce vent.
Mon père est un vent changeant. L’accusé qui s’innocente. Il souffle sur les braises pour activer le feu, léger, l’air de ne pas y toucher. Juste le temps que je m’embrase. Mais pourquoi tu t’excites ? J’ai onze ans. Mais pourquoi tu t’énerves ? J’ai quinze ans. Ah les femmes, toutes les mêmes, changeantes, volatiles. J’ai vingt ans. Il varie caresses et avertissements. Il émoustille, il épouvante. Il n’est jamais là où on l’attend : de face, responsable, coupable. Non, mon père n’est jamais coupable. C’est toi, c’est moi et, tout bon vent qu’il est, il te retourne pour démontrer ta culpabilité. Ta responsabilité. Et si tu réagis, et si tu t’opposes, il forcit, il gronde, il rugit ! Il devient l’ouragan devant lequel tu t’inclines.
Je rends les armes. Il est puissant.
Mon père c’est le vent.
Et moi je suis le feu. En dedans. Dehors, un paravent".
Anaïs, 13.04.2023
*
Cette semaine, je vous propose un très beau texte de Virginie.
L'exercice consistait à parler de soi à travers les déchets qu'un inconnu pourrait trouver dans notre poubelle.
"Poubelle d’Expatrié.e
Les déchets se trouvant dans la poubelle de l’expat. :
- Ses certitudes
- Sa culture dans son intégralité
- L’homogénéité de ses perceptions
- Le rejet de l’Autre
- Le sentiment de connaissance
- L’impression de maîtrise
- Les objets d’apparence
- La résignation
- La possibilité de vivre travers ce que l’on n’est pas
- L’impression d’être chez Soi
- Le sentiment d’appartenance à un lieu
- L’impression d’être complet
- La paix du connu
- La paix dans la sédentarité
- L’envie de rester quand cinq années se sont passées
- L’attachement aux murs
- La rancœur
- L’envie de se satisfaire
- Le jugement
- La catégorisation
- La non-vibration
- Le détachement que ce qu’on ressent
- Les trous de Soi
- Etc.
La haute et stable poubelle de métal se referme…
Sur son couvercle se dépose ce qui a été acquis … :
- Le doute
- L’impression de potentiellement pouvoir se sentir « chez soi » partout et d’y être heureux
- La vision dessinant le bonheur comme intérieur, venant de l’intérieur et non pas de l’extérieur, du « hors-de-soi »
- La perception que toujours, le travail est « reprendre » et à poursuivre – il n’y a pas de fin en soi
- La vision en mosaïque : tout est nuance
- La sensation de porter en soi son meilleur ami et son meilleur ennemi
- La perception que pour -presque- toute chose, il y a du positif et du négatif : tout dépend du regard que l’on pose
- La capacité d’adopter le « package » complet : face au désir, toujours la peur. Plus l’envie est grande, plus la peur le sera également
- La compréhension que, comme dans le désert faire UN avec la chaleur permet de mieux pourvoir la supporter, embrasser ce qu’on ne peut changer permet de mieux l’apprivoiser
- La capacité de mettre les choses (le matériel) à notre service et non l’inverse
- La fusion à quatre et le goût de l’Autre, de l’ailleurs, du méconnu et du perdu, des Amitiés croisées, du langage du Cœur et du choix de sa famille
- Les petits bouts de Soi poussés quand les autres se sont détachés…
- La nécessité vitale de suivre son intuition quand tous les autres « capteurs » connus tournent fous
- La création d’une nouvelle boussole intérieure dont l’usage, parfois presque spirituel, devient la seule réponse censée aux questions inexprimables,
- L’envie de Vivre, de ne plus perdre de temps, d’entrer en résonance…, envie palpitante, enivrante, obsédante, épuisante
- Le souvenir de Tout
- Le sentiment d’être reliés… dans le temps, avec ceux qui nous ont précédés, ceux qui sont et ceux qui seront ; dans l’espace avec ceux, proches dont la peau, parfois, nous effleure mais aussi avec les autres, lointains, dont l’égrégore souvenue nous anime".
vI Virginie
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